Le Royaume
Genre : Action
Réalisateur : Peter Berg
Synopsis :
Une équipe du FBI est envoyé en Arabie Saoudite afin d'enquêter sur un attentat ayant eu lieu dans un camp de civil Américain.
Avis :
Premier gros film pour Peter Berg, il appose son style dans un film d'action efficace mais mal compris par une grande majorité des spectateurs.
Beaucoup on vu en cette production un film d'action carré et pro-américain. Passé le cultissime générique, modèle d'efficacité et de compréhension, le film file droit vers l'action et c'est peut-être à cause de cela que le spectateur n'y a vu qu'un énième défouloir patriote sans cervelle. Mettre en évidence avec tant d'aplomb l'ingérence économique (le pétrole), politique (une royauté qui se soumet à la demande du FBI) et sociologique (ouverture sur une partie de base-ball) à travers la présentation de la vie d'un espèce de kibboutz américain force le spectateur à penser que c'est un film patriotique à l'américaine, ou la camaraderie est érigé au rang de philosophie par l'intervention d'une équipe de FBI soudé. Pire : le film peut se révéler raciste dans les relations parfois rudes et sans détours entre le FBI et les forces Saoudienne, s'adjoignant une représentation que l'on peu taxer de "cliché" de la relation homme/femme (alors qu'elle est plutôt réaliste et crédible). Pourtant, si on veut bien se donner la peine de remuer le film comme il faut, on voit que Peter Berg est bien plus nuancé que cela. Un sentiment mis en évidence par l'utilisation intelligente du montage parallèle au début (séquence qui dévoile l'inconscience de deux hommes : le terroriste qui initie son petit fils au joie du massacre, l'agent du FBI qui raconte à toute une classe l'accouchement de sa femme) et à la fin (qui met en exergue l'extrémisme et la foi inébranlable qui anime les deux camps). Le film se propose alors de mettre en perspective la foi politique de l'Amérique et la foi religieuse de l'Arabie Saoudite. Une thématique contrasté par des personnages secondaires qui sortent des clichés habituels, ainsi que par la relation amicale et respectueuse qui noue Fleury et Al-Ghazi, qui amène les deux hommes à apprendre l'un sur l'autre. Alors certes, on est loin d'avoir des personnages hyper-profonds, mais on est également loin d'être dans un film plat sans piste de réflexion.
Par dessus ce décors se met en place un divertissement correctement ficelé. Passé l'imposante séquence d'ouverture, le film déroule son enquête non sans quelques baisses de régime malgré un sens du spectacle évident. SI la partie démarche politique n'est guère passionnante, tout comme l'enquête elle même, qui ne fait que distiller quelques menus indices pas spécialement passionnants, le réalisateur semble bien plus concerné par le choc de culture, ainsi que par ses personnages principaux ou ceux à fort impact sociologique (le terroriste repenti, le porte parole du gouvernement, l'agent du FBI Janet Mayes), laissant les autres au rang de simple effet dramatique (Leavitt qui ne joue un rôle prépondérant qu'à la fin du film) ou comique (Sykes en gueulard de service). Le film demeure également très efficace dans sa réalisation style reportage, fourmillant de recadrages et de panoramiques furieux ainsi que de magnifiques plans larges, le tout ordonné par un montage guerrier. Il faut attendre l'imposante séquence de fusillade de trente minutes pour enfin revoir surgir l'esprit fougueux et explosif du début. Les acteurs sont crédibles, Jamie Foxx et Jeremy Piven en tête même si, il faut bien l'avouer, on les a vu plus convaincants auparavant.
Le Royaume est donc un bon film d'action correctement réalisé et interprété. En revanche, la toile de fond est sujet à débat, entre film d'action belliciste et réflexion sur la notion de foi.