Shame
Genre : Drame
Réalisateur : Steve McQueen
Synopsis :
Brandon, jeune cadre dynamique, est accroc au sexe, multipliant les conquêtes d'un soir et les plaisirs solitaires. Mais l'arrivée de sa soeur, Sissy, vient chambouler son quotidien.
Avis :
Non, l'acteur Steve McQueen n'est pas de retour parmi les mortels. Ce McQueen réalisateur, qui était déjà à l'origine de Hunger, récit biographique sur un résistant irlandais, reviens aujourd'hui avec Shame, remettant par la même occasion Michael Fassbender, acteur qu'il a révélé dans son précèdent long-métrage, sur le devant de la scène. Il accouche ici d'un film assez vertigineux sur l'addiction au sexe d'un cadre d'une jeune société. Un film qui, il faut l'avouer, arrive au moment ou cette pathologie crève les écrans suite à l'affaire DSK. Mais loin de poser un regard inquisiteur ou compatissant sur cet être dévasté par son addiction, McQueen préfère montrer l'état d'emprisonnement dans lequel se retrouve son héros, dont la consomation excessive de l'acte sexuel semble totalement le vider de toutes énergies et émotions. Cette froideur mécanique, cette dépravation dans laquelle il échoue, que l'arrivée de sa soeur vient paradoxalement accélérer, est sublimé par une réalisation exemplaire et par une bouleversante photographie, posant alors un regard inédit sur ce New York désarticulé et insensible. Évoluant dans cet enfer glacé, Michael Fassbender macule littéralement la pellicule de son impressionnant charisme, formant avec l'exceptionnelle Carey Muligan un tandem frère/soeur aussi tragique que malsain. Pour autant, malgré les qualités esthétiques indiscutables de l'oeuvre et son magnifique crescendo, composant un final d'anthologie, le film se révèle plutôt déséquilibré sur le plan rythmique et, surtout, très pesant, au point de sortir de la salle avec les intestins noués et le regard vide. Autant dire que cette expérience, aussi sublime soit elle, reste tout de même fortement déconseillé pour les âmes les plus sensibles.
> La puissante interprétation de Michael Fassbender
> Un casting au diapason de la composition de Fassbender (mention spéciale à James Badge Dale)
> La magnifique réalisation de Steve McQueen qui, associé au la sublime photographie de Sean Bobbitt, compose une oeuvre visuellement aboutie
> L'objectivité du point de vue livré par le réalisateur
> La musique de Harry Escott
> La musique de Harry Escott (encore !), qui se contente que d'épurée le célèbre Journey To The Line de Hans Zimmer
> Quelques chutes de rythme au milieu du parcours
> Le ton très pesant et cru du métrage
LA SCENE QUI TUE !
Le magnifique travelling latéral qui suit le jogging nocturne de Brandon (Michael Fassbender). De l'immersion pur, rythmée par une sublime orchestration de lumières urbaines.