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Cinema By Night
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12 février 2011

Black Swan

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Genre : Fantastique

Réalisateur : Darren Aronofsky

Synopsis :

Nina, danseuse dans la compagnie du New York City Ballet, prépare son rôle dans l'opéra Le Lac Des Cygnes. Mais celle ci se heurte à Lily, une jeune danseuse fraichement débarquée, ainsi qu'a des étranges changements physiques.

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Avis :

Darren Aronofsky nous livre sa version du Lac Des Cygnes version La Féline de Jacques Tourneur. Torturé, troublant, enchanteur, machiavélique : Black Swan est un bijou du cinéma fantastique.

Darren Aronofsky nous fait partager depuis ses débuts les passions dévorantes de ses personnages, à chaque fois dans un style différent. Ici, c'est la passion dévorante d'une jeune danseuse étoile qui se bouffe la raison en tentant de se glisser dans le double rôle de la Reine des Cygnes que le cinéaste prodige nous donne à voir. Un monde ou se côtoie l'exigence physique et artistique, ou il faut pousser le corps jusqu'à ses derniers retranchements afin de parfaire une chorégraphie qui oscille entre décomposition mécanique et fluidité. Malheureusement, Nina ne sait que décomposer ses mouvements, exécuter à la perfection un ballet usé jusqu'à la corde, et ne possède pas, à priori, cette fougue, cette énergie libertine qui va lui permettre de déambuler naturellement sur les planches. Reste pour elle de se transformer en cet être décomplexé. Une quête qui va la faire sombrer peu à peu dans la folie et que Aronosky met brillamment en scène. Dés le début du film, on constate qu'il y a un probléme dans cette histoire. Outre le rêve en ouverture du film et les rougeurs sur le dos de Nina, c'est aussi la relation qu'elle entretient avec une mère ultra-protectrice, et son chef de ballet machiavélique, qui rend tout cela très étrange, voir malsain. Sans compter cette adoration teinté de jalousie pour Lily, le nouvelle danseuse. Black Swan mélange habillement réalisme et fantastique pour illustrer à la fois l'éveille d'une jeune fille coincé et materné, et cette obsession pour ce rôle qui la conduit à se détruire, la transformant peu à peu en une femme monstrueuse (avec des transformations et des scènes d'épouvantes dignes de David Cronenberg). Pour autant, le film garde un coté insaisissable car on doute de tout ce que l'on voit et on ne sait plus ce qui est vrai de ce qui est irréel. Le tout sous la camera virevoltante du cinéaste, accompagnant avec beaucoup de souffle et de lyrisme ses personnages dans leurs ballets. Sans compter sur la photographie poussiéreuse et rugeuse de Matthew Libatique, chef operateur sur tous les films de Aronofsky.

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La mise en scène est d'ailleurs parfaitement maitrisé par le cinéaste. D'abord, musicalement parlant, le film est sublime. Clint Mansell, compositeur attitré de Darren Aronofsky depuis ses débuts, orchestre (ou plutôt ré-orchestre) le Lac des Cygnes en ré-arrangeant les thèmes et en y apposant sa patte de compositeur pop-electro. Une magnifique composition qui permet d'instiller une dose supplémentaire de fantastique, voir de grandiloquence (la longue scène de terreur pré-final). Ensuite, Aronofsky joue à merveille avec les miroirs (au point ou on se demande comment il a pu gommer la camera dans les reflets de ceux ci) et le théme du double. Tout le film est parcourue par cette dualité, dépassant la simple opposition entre le Cygne Blanc et le Cygne Noir pour opposer physiquement et psychologiquement tous les protagoniste à Nina. On peut même pousser cette analyse avec le personnage de Thomas Leroy, qui n'est autre que le double de Darren Aronofsky dans le film (le metteur en scène qui pousse sa muse à se fondre dans le rôle). Black Swan est donc une spirale infernal, un film dans le film, ou le personnage principal ne fait que reproduire le chemin de Beth, son modèle déchu, et celui de la Reine des Cygnes. On navigue alors sur une atmosphère tendue ou rien de sain ne se dégage du récit, pas même la relation quasi Hitchockienne qui lie Nina à sa mère. Un perfectionnisme qui se retrouve également dans la direction des acteurs : Natalie Portman y est impressionnante de crédibilité, Mila Kunis est sublime en danseuse féline, Vincent Cassel et monstrueux d'arrogance, Winona Ryder vous glace le sang à chacune de ses apparitions et Barbara Hershey est inquiétante à souhait. Devant un spectacle d'une telle beauté, il n'est pas étonnant de voir Aronofsky se féliciter de son travail (un peu comme l'avait fait Quentin Tarantino dans Inglorious Basterds).

Black Swan est donc ce que l'on peut appeler un bijou. Techniquement imparable, musicalement féroce et un casting sublime vient élever une histoire qui redonne au fantastique ses lettres de noblesse.

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Commentaires
2
Je comprend le fait que la mise en scène soit un peu trop simple à ton goût.<br /> Après, comme pour la majorité des films, c'est juste une histoire bête comme chou. L'important, c'est le développement de celle ci.<br /> <br /> Sinon, j'ai l'impression, au fur et à mesure des films et des commentaires qui les accompagnent, que le ciné Asiatique est le père du cinéma moderne.
F
Techniquement rien a dire, comment pourrait on dire le contraire, par contre je trouve qu'il nous guide un peu trop, et ce partis pris de faire les décors soit en blanc ou tout noir ou rose c'est trop facile a mon gout ...<br /> Et au fur et mesure que le film avançait il m'a beaucoup fait penser a Perfect Blue de Satoshi Kon qui a une histoire similaire ... et la s'a ma tué un peu le truc, je l'ai trouvé beaucoup moins bien, retrouvant meme des plans du mangas dans le film, puis au final c'est juste une histoire d'émancipation ...<br /> Bref pas totalement convaicu !!!
2
C'est cool effectivement que tout les blogs soit unanimes concernant la qualité du dernier Aronofsky.<br /> C'est vrai que mettre un film dans un genre, c'est très réducteur. Beaucoup de films nagent dans plusieurs eaux et c'est difficile de les classer. Le choix d'un genre est donc purement subjectif.<br /> <br /> Je vais voir Tron cette après-midi, tu seras très vite au courant de mon avis ;)
M
Je pense que le film marie plusieurs styles et plusieurs genres à la fois, tout comme il s'ouvre à plusieurs interprétations. Le réduire à l'un ou à l'autre, c'est enlever ce qui fait une de ses forces (parce que le film est puissant sur bien des côtés !). Bien vu le rapport entre Thomas et Aronofsky, le film pouvant effectivement se lire comme une métaphore sur le cinéma, sur le côté vampirique entre le metteur en scène et son acteur.<br /> Le film en tout cas fait presque l'unanimité chez les blogueurs, et ça fait presque plaisir à voir ;)<br /> Sinon, j'attends ta critique de Tron et que tu admettes que j'avais raison à son sujet ;)
2
Bienvenu sur mon blog. On peut pas faire mieux dans le genre je pense.
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