Alien, La Résurrection
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet
Synopsis :
Sur l'USS Auriga, une compagnie tente de cloner Ellen Ripley et son bébé Alien afin mener à bien un projet de bio-armement. Mais les Aliens se rebiffent et attaquent les membres de la base. Ripley et des mercenaires de passage organisent alors leur fuite.
Le Bluray
Le film de Jeunet est le moins bien loti de tous. La copie est certes propre, mais la netteté est vraiment en deçà de ce que l'on peut attendre d'un Bluray et, à fortiori, d'un film aussi récent. Il est vrai que la photographie jaunâtre de Jeunet n'est pas des plus faciles à appréhender, et qu'elle demeure assez plate, laissant assez peu de place à la profondeur de champ. Reste des noirs solides et un rendu des teintes assez appréciable. Sinon, niveau son, même probléme que sur la director's cut de Alien 3 : les scènes ajoutées sont doublé par d'autres comédiens (même Dominique Pinon en fait les frais). Privilégié donc la V.O. pour cette version longue.
Avis :
Le bœuf sur la saga Alien continue avec cette fois Jean Pierre Jeunet derrière la camera pour un film qui n'apporte pas grand chose à la saga, si ce n'est d'en proposer un puissant condensé.
Film qui fallait faire pour exploiter le filon, alors même que Sigourney Weaver avait décidé de donner la mort à son personnage afin de ne plus remettre les pieds dans la peau de Ripley. Les Américains ont alors dépêché un hurluberlu français incapable de parler trois mots d'anglais et totalement étranger à l'univers du film : Jean Pierre Jeunet. Le film se situe alors dans un entre deux assez instable. D'un coté, il se débarrasse de certains des éléments de la trilogie (exit la compagnie Weyland-Yutani, ordinateur de bord appelé "père") et, de l'autre, il s'appuie encore sur la figure d'un Ripley ici grimée, grimaçante, fausse amnésique, combattante résigné qui ne connait que trop bien les rouages du système et du récit. Jeunet signe ici le film le plus boursouflé, ou il aligne les références pour les casser, porter un regard plus cynique sur la saga (les répliques mordantes d'une Ripley totalement désabusé). Rien que le coup des Aliens qui nagent prouve bien que Jeunet prend un maximum de recul sur son rôle de réalisateur ignorant de la saga, comme si il se moquait de ses producteurs. Un projet ridicule à l'origine (les médecins clone une Ripley qui, rappelons le, est morte carbonisé dans de la fonte en fusion) mais qui se voit poussé dans ses retranchement par le cinéaste (le look infâme de l'Alien humain). Le réalisateur propose alors un melting-pot de ce qu'on a pu voir dans les épisodes précédents : l'androïde douteux du premier volet (incarné par Winona Ryder), des mercenaires en lieu et place des marines du second opus, la traque à travers les couloirs issue du troisième épisode.
Un melting-pot qui sent évidement le recyclage de masse, un genre de "best-of" des trois derniers épisodes, avec en plus, une jolie métamorphose de Ripley qui se complait à éliminer sa progéniture. Niveau technique, le film est assez remarquable puisque Jeunet à su caller son esthétique bricolé et cartoon au film. En plus d'employé des bonnes gueules de mercenaires qui respire l'honnêteté (Pinon et Perlman qui joue à fond avec leur physique d'ogre), le film se pare d'une réalisation totalement décomplexée. Esprit cartoon garantit puisque la réalisation se veut excentrique, avec moutle plan déformant sur les visages qui font plus rire qu'autre chose (Le travelling avant infernal sur le visage de Pinon qui crie de douleur). Certaines séquences dévoile parfaitement l'esprit saugrenue du réalisateur, à l'image de cette séquence sous-marine avec Dominique Pinon harnaché (décidément égérie du réalisateur en matière de séquence abracadabrante) au dos de Gary Dourdan. Enfin, citons le portrait hilarant des scientifiques obnubilés par des fantasmes sexuels alimentés par l'attitude féline et le comportement sauvage de Ripley.
Ce qui fait la force de ce dernier Alien, c'est qu'il n'apporte rien à la saga. Jeunet exploite ici un scénario saugrenu pour donner naissance à un cartoon explosif et cynique qui parvient, grâce à son style unique, à s'imposer dans cette mythique saga.