Présumé Coupable
Genre : Drame
Réalisateur : Vincent Garenq
Synopsis :
Un soir, à Outreau, Alain Marécaux, huissier, et sa femme Edith, sont interpellés et misent en garde à vue avec 13 autres personnes pour viol sur mineurs. Un calvaire qui va durer 4 ans.
Avis :
Dur de réaliser une adaptation de l'affaire Outreau sans céder aux sirènes du pathos et du mélo. Pourtant, c’est avec une précision quasi chirurgical et une pudeur infinie que Vincent Garenq arpente l’enfer carcérale, psychologique et humain d’un des plus emblématiques martyr de cette (in)justice Française : Alain Marécaux. Placer le point de vue du spectateur à hauteur d'un homme, de cet homme, pour illustrer ce que fût la débâcle judiciaire de la dernière décennie, apparaît comme tout à fait logique : huissier fier de son boulot et de servir le République, Alain Marécaux se retrouve finalement broyé par cette machine à laquelle il apportait toute sa confiance. Car, plus que l'accusatrice principale Myriam Badaoui (que l’apparente simplicité d’esprit nous retient de tout acte de violence envers sa personne), c’est la justice qui est ici furieusement pointé du doigt (le juge Burgaud évidemment, mais aussi l’avocat général et les inspecteurs de police sont aussi incriminés), se révélant être le parfait relayeur de témoignages dont le caractère grotesque, absurde et incohérent confine à la démence. Une folie auquelle la partition de Philippe Torreton donne toute son ampleur. Il se livre ici corps (il perdra 27 kilos pour approcher au plus près du malaise physique vécu par Marecaux durant son incarcération) et âme (son interprétation, à fleur de peau) pour nous faire croire à la véracité des faits exposés par un film dont les partis pris (absence totale de musique, photographie naturaliste) nous permettent de toucher du doigt une douloureuse réalité. Au final, Présumé Coupable est une oeuvre essentielle sur l'irresponsablité de notre système pénal.
> Philippe Torreton, E.N.O.R.M.E.
> Raphaël Ferret, exceptionnel dans le costume du juge Burgaud)
> Des choix de mise en scène tenues jusqu'au bout
> L'envie de s'arracher les cheveux devant autant de bêtise
> Rien à reprocher à ce petit bijou
LA SCENE QUI TUE !
Paralysé par sa grève de la faim, Alain Marécaux (Philippe Torreton) cauchemarde : sa chambre d'hôpital, rongée par les ténèbres, se recroqueville littéralement sur son corps décharné. Une scène terrifiante, seul infidélité au réalisme du récit. Mais quelle infidélité !