Splice
Genre : Fantastique
Réalisateur : Vincenzo Natali
Synopsis :
Clive et Elsa, un couple de scientifique, travaillent sur un projet permettant d'élaborer un médicament capable de soigner le bétail. Mais il découvre parallèlement qu'en injectant l'ADN humain, ils pourraient soigner certaines maladies humaines. Les deux scientifiques décident donc de mener cette expérience à titre personnel.
Avis :
Après Cube, Cypher et Nothing, Vincenzo Natali revient avec Splice, qui s'est déjà taillé une sacrée réputation via les festivals du monde entier (dernièrement à Gerardmer).
Quoi que l'on dise sur ce nouveau métrage, Vincenzo Natali sort enfin du simple "film à concept" qui a fait sa réputation (voir l'excellent Cube) pour prendre à bras le corps un récit complexe et passionnant. Ici, deux scientifiques décident de franchir la ligne jaune et de mettre au point une créature hybride, mi-animal mi humain. Une base simple qui s'ouvre sur plusieurs thèmes pertinents et passionnants. Se mêle alors l'objectif scientifique (révolutionner le monde médical, se faire une place au soleil dans l'industrie pharmaceutique ou tout s'achète, même l'âme des scientifiques) puis personnel des héros (le désir de maternité). Des thématiques qui se prolonge tout au long du film en abordant successivement l'inceste, l'infanticide, la castration ou la perte d'identité, rendant ainsi le récit riche et évolutif, trouvant leurs aboutissement par la mise en scène, brillante, de Natali (l'accouchement in vitro de Dren, ou Elsa paye physiquement le tribut de son impuissance créatrice). Ajouté à cela un portrait pas piqué des vers sur la toute puissance de la femme sur l'homme (Clive est impuissant d'un bout à l'autre du film).
Dans ce film, on y entrevoit également les références du réalisateur. On fait automatiquement le lien avec les films de Cronenberg (obsession pour la chair), en particulier La Mouche (la détermination mortelle des scientifiques) ou Scanner (la séquence de présentation de Ginger et Fred aux actionnaires). Il y a aussi un peu de Alien, non pas pour l'aspect horrifique, mais pour la parabole faite sur la maternité. Mais bien qu'il cite des références de films horrifiques, Splice ne fait pas particulièrement parti de ce genre. On touche ici du doigt son principal défaut : un mélange des genres qui manque d'homogénéité. De la science-fiction, on passe au drame, puis à l'horreur pur. Les différents genres s'imbriquent de façon trop dur, et on sent trop le changement de ton adopté par le réalisateur, ce qui à la don de déstabilisé le spectateur. Le rythme est également assez lent, et on trouve parfois le temps un peu long. Heureusement, la musique de Cyrille Aufort égalise parfaitement le film avec son thème entêtant et fantastique. Coté distribution, si Adrien Brody fait le minimum, Sarah Polley et son jeu dynamique sont là pour redonner vie au film, tout comme l'exceptionnelle Delphine Chaneac, plantureuse créature aussi désirable que dangereuse.
Splice est donc une grande réussite grâce à son récit riche. Mais les quelques chutes de rythme ainsi que la recherche hasardeuse d'un genre particulier empêche le nouveau Natali de passer au stade de chef d'œuvre.