Animal Kingdom
Genre : Polar
Réalisateur : David Michôd
Synopsis :
Suite à la mort de sa mère, Joshua Cody est accueilli par sa grand-mère maternel et ses oncles. Joshua découvre alors une famille de criminel et se trouve plongé dans un bras de fer contre les forces de polices.
Avis :
Sorti de sa steppe Australienne, Animal Kingdom est une véritable découverte, une belle perle comme le polar sait nous en proposer de tant à autres. David Michôd, réalisateur et scénariste au commande du film, créé ici une envoûtante atmosphère d'apesanteur par l'utilisation de ralentis d'une affolante beauté, ainsi qu'une éclatante musique, planante et élégiaque, composée par Antony Partos. L'esthetique construit autour de ce polar nous emporte donc littéralement dans cette douleur sourde vécue par son personnage principal, Joshua, adolescent introverti attendant patiemment son heure au sein d'une dynastie de criminels patentés dirigée par une sordide matriarche. Il se dégage de ce polar un goût de tragédie grec, ce genre d'intrigue ou les membres d'un clan jouent de trahisons envers ses semblables afin de sauvegarder leurs espèces, une destinée régie par une loi naturelle, celle de la jungle, ou la raison du plus fort et du plus malin l'emporte. Le réalisateur nous embarque dans cet affrontement sans foi ni loi entre les criminels et les autorités et dans cette lutte intestine pour le pouvoir d'une meute que le retour de l'ainée vient bouleverser, sans jamais avoir recours au spectaculaire. La fulgurance des très rares effusions de violence n'ont ici d'egal que la latence d'un récit faussement inoffensif, reposant exclusivement sur une passionnante progression dramatique, sur une efficacité anti-spectaculaire (la scène du tribunal, judicieusement éclipsé par le montage) ainsi que sur une tension dépouillée de tous effets superflus. La prestation d'un casting brillamment dirigé (Ben Mendelsohn, Jacki Weaver et Guy Pearce en tête) fini de nous convaincre du talent de David Michôd.
> L'etat d'apesanteur dans lequel nous maintient la brillante réalisation de David Michôd
> L'interprétation exemplaire, et une Jacki Weaver vénéneuse à souhait
> L'éclatante musique d'Antony Partos
> La vertigineuse mise en place du piège qui se referme progressivement sur les protagonistes
> La présence maladroite de la voix-off au début du film
LA SCENE QUI TUE !
La séquence au tribunal, ingénieusement substituée par la préparation de celle-ci par Joshua (James Frecheville), son avocate, l'avocat de la famille Ezra White (Dan Wyllie), et Janine (Jacki Weaver), qui en suggère efficacement le déroulement. Une pirouette risquée qui témoigne du sens du montage filmique de David Michôd.