L'Apollonide - Souvenirs De La Maison Close
Genre : Drame
Réalisateur : Bertrand Bonello
Synopsis :
La vie d'une maison close, de ses prostitués aux destins brisés et de sa mère macrelle qui tente de maintenir coûte que coûte son agence à flot.
Avis :
L’an passé, grâce à nos politiques, les maisons closes sont revenues sur le devant de la scène, et leur portes se sont ré-ouvertes à l’industrie audiovisuelle afin de prolonger le débat et sensibiliser le publique à la chose (preuve en est : Canal + et sa série Maison Close a connu un beau succès). Dernier oeuvre en date traitant du plus vieux métier du monde : L’Apollonide de Bertrand Bonnello. Ce film, accueillit favorablement par une partie de la critique, est un long-métrage post moderne en puissance : chansons rock anachroniques, montage multipliant les artifices visuels, narration déstructurée (tout du moins en ce qui concerne le prologue). Le film évite ici clairement de prendre le parti d’un récit pamphlétaire ou celui d’une intrigue classique pour développer au final un ensemble de tableaux représentatifs de la profession qu’il dépeint (logiquement illustré par le recours régulier au split-screen). Mieux : le film s'abstient d'un quelconque racolage, l'acte sexuel n'etant ici que périphérique à l'intrigue, l'aboutissement d'une rencontre voluptueuse organisée autour d'un verre de champagne, le client confortablement installé sur un magnifique Chesterfield et entouré de filles aux destins différents, vivant d’amour charnel et de soirées à l’ambiance feutrée afin de rembourser leurs dettes. La peinture est crédible, le coup de pinceau est appliqué, les enjeux économiques et sociaux sont prégnants. Ceux qui ne connaissent donc rien à ce monde et à ces uses seront donc très intéressés par ce qui nous est dévoilé. Mais le choix narratif adopté par le réalisateur de dépeindre de façon éclaté et désenchanté la situation des prostitués rend le résultat un peu long sur la durée (avoisinant tout de même les 120 minutes) et dépourvu de souffle romanesque. Sans doute est-ce le prix à payer pour avoir un long métrage réaliste et objectif sur le sujet.
> La jolie bande de filles, mené par une excellent Noémie Lvovsky
> Le découverte fort instructive d'un monde que l'on connaît finalement assez peu
> Les quelques jolis éclats poétiques qui ponctuent le film
> Son élègante mise en scène
> Un peu trop long sur sa fin
> L'abscence de souffle romanesque et son atmosphère désenchanté dresse une barrière entre le film et le spectateur
LA SCENE QUI TUE !
Madeleine (Alice Barnole), assise au pied du lit et pleurant des larmes de spermes. Une image forte et une métaphore poétique assez fascinante sur l'impact de cette profession sur le corps et l'esprit de ces jeunes femmes.