Docteur Folamour
Genre : Comédie
Réalisateur : Stanley Kubrick
Synopsis :
Pris de folie paranoïaque, le général Ripper envoie des bombardiers larguer leurs bombes H sur la Russie. Une cellule de crise est alors organisée dans le PC de Guerre du Pentagone, ou le Président des États-Unis et le général Turgidson débâtent de la suite à donner à cette opération.
Avis :
Stanley Kubrick était et est encore aujourd'hui un estimable cinéaste, qui a su transcender les genres dans lesquels il a évolué au point que ces films évitent l'érosion du temps grâce à leur propos profondément d'actualités. Avec Docteur Folamour Ou Comment J'ai Appris A Ne Plus M'en Faire Et A Aimer La Bombe, le réalisateur installe ses lignes d'attaques bien au-delà du territoire troupier de la comédie militaire classique pour taper là ou sa fait mal et, avec un cynisme non dissimulé, dénoncer l'absurdité des opérations militaires, caricaturant les moeurs du soldat américain et jouant avec des situations ironiques irrésistibles. La réussite comique du film est alors d'autant plus belle qu'elle touche du doigt une réalité historique ancestrale qui est de sacrifier des vies afin de servir une croisade aux motivations obsolètes. Une causticité servit par le show livré par l'imposant Peter Sellers incarnant, avec un brio dont il a le secret, le Président des États-Unis, le colonel Mandrake et le Docteur Folamour, savant fou transfuge du régime nazi. Trois rôles en forme de pilier de la toute puissance Américaine. S'ajoute un George C. Scott explosif, symbole de la politique va t'en guerre d'une Amérique perdue dans de vaines considérations politiques en méprisant le coût humains. Des attitudes ronflantes ici boursouflées par l'omniprésence de la pompeuse ballade When Johnny Comes Marching Home, ainsi que par l'immense "PC de Guerre", créé de toute pièce par Ken Adam, dont l'épure technologique a bernée bien des spectateurs quant à sa véritable existence. Docteur Folamour est donc, en tout point, le film phare d'une époque transitoire vers la technocratie.
> Les explosives compositions de Peter Sellers et George C. Scott
> L'humour pince sans rire irrésistible
> Les monstrueux décors construits par le chef décorateur Ken Adam
> La brillante ambiance musicale et photographique qui baigne le film
> Heuuu...
LA SCENE QUI TUE !
Le Président Américain (Peter Sellers), interrompant la bagarre entre le général Turgidson (George C. Scott) et l'ambassadeur Russe (Peter Bull) en déclarant : "Messieurs, vous n'avez pas le droit de vous battre ici ! Vous êtes dans le PC de Guerre". Une délicieuse réplique, révélatrice de la décapante ironie qui irrigue le film.
P.S. : Merci à Nicos31 qui, grâce à son billet très complet sur ce film, m'a redonné envie de revoir cet excellent film.