Harcelés
Genre : Thriller
Réalisateur : Neil LaBute
Synopsis :
Chris et Lisa emménage à Lakeview Terrace, une charmante petite résidence perchées sur les falaises de Los Angeles. Ils font alors la connaissance de leur voisin, d'Abel Turner, flic et pére de deux enfants qu'il élève seul.
Avis :
Après l'immense four que fût son triste remake de The Wicker Man, Neil LaBute revient sur le devant de la scène avec un thriller Hollywoodien avec Harcelés. Mais, derrière l'aspect racoleur de cet affreux titre français et de son synopsis, annonçant plus la couleur d'un reportage type "tranche de vie" qu'un vrai film, se cache en réalité un véritable drame à suspens efficace et plutôt original. Placé dans le cadre chaud de ce quartier résidentiel de Californie, ou un feu de foret menace progressivement la tranquillité et la sécurité de ses habitants, le réalisateur orchestre un drame moite et tendu en traitant le racisme ordinaire sous un angle inédit. Cette fois ci, c'est l'homme de couleur qui désapprouve l'union mixte d'un jeune cadre WASP avec une séduisante et riche femme noire. En découle alors une peinture enlevée et plutôt crédible des moeurs ethniques dans lesquelles se trouve emprisonné le personnage d'Abel, flic et père englué dans une position ancestrale d'éternelle victime. Sans diaboliser ce personnage ni le rendre amical, le cinéaste délivre, au fil des minutes et avec beaucoup de malice et de nuance, les pièces du puzzle mental qui compose la personnalité de ce voisin afin d'en percevoir toutes les nuances et ainsi comprendre son état d'esprit. Malheureusement, malgré cette habile mise en scène, Neil LaBute annihile cette forte intimité psychologique créée par le récit lors des 15 dernières minutes du métrage, versant inutilement dans le gros thriller pétaradant de série B, comme si le réalisateur n'avais pas à coeur d'assumer que son film à plus l'étoffe d'un drame sociale qu'un thriller psychologique. C'est d'autant plus dommage que ce virage pousse Samuel L. Jackson, jusqu'à présent juste dans son interprétation, à sortir sa panoplie de regards psychopathes à là Jack Nicholson. Dommage, car on tenait là un long-métrage intelligent.
> Samuel L. Jackson, très bon dans 80% du film
> Le personnage d'Abel Turner, beaucoup moins monochrome qu'il n'y parait
> L'intrusion du phénoméne climatique qui donne de la profondeur à la mise en scène
> La superbe musique, enivrante et moite, composée par Jeff et Mychael Danna
> Samuel L. Jackson, qui prend des airs de Jack Nicholson dans les 20 derniers pour-cents du métrage
> La fin, qui n'est pas du tout dans le ton du film
> Quelques petites longueurs
LA SCENE QUI TUE !
Abel Turner (Samuel L. Jackson) regardant avec envie et désespoir ses voisins s'enlacer dans leur piscine. Une scène infiniment poignante, ou l'on ressent parfaitement toutes les frustrations de ce père de famille.