La Proie
Genre : Action
Réalisateur : Eric Valette
Synopsis :
En prison, le braqueur Frank Adrien fait la connaissance de Jean-Louis Morel, accusé de pédophilie. Après le désistement d'un témoins, Morel sort et Adrien lui demande d'apporter un message à sa femme et sa fille. Mais Adrien découvre que son ex codétenu est bel et bien un pédophile, et va alors s'évader afin d'arrêter ce tueur.
Avis :
Après Une Affaire d'Etat, le réalisateur Eric Valette poursuit son entreprise de faire du cinéma français un sérieux rivale du cinéma d'action américain avec La Proie.
Eric Valette connais que trop bien la chanson américaine de "l'entertainment". Aprés avoir remaker le toujours inédit One Missed Call, puis versé dans le fantastique avec Hybrid (prét à sortir directement en DVD chez nous), Valette a, semble t-il, tiré de ses magistrales vestes quelques leçons de savoir faire à l'Americaine. De retour chez nous, il nous livre aujourd'hui un thriller qui s'inscris parfaitement dans la lignée du nouveau cinéma d'action français. En comparaison d'A Bout Portant, La Proie est bien plus ambitieux mais aussi bien moins efficace que le dernier film de Cavayé. La faute en reviens surtout à une laborieuse mise en place, ou le cinéaste nous montre le calvaire de Frank Adrien en prison. L'intrigue stagne, manque sérieusement de peps et les quelques scènes de combat ne changent rien : l'avion d'Eric Valette à bien du mal à décoller. Mais, une fois l'evasion d'Adrien et la menace sourde déployée par Morel, son ancien co-détenu pédophile libéré grâce à la rétractation d'un témoin, La Proie prend enfin son envol. Le réalisateur rivalise alors d'efficacité physique et de tension grâce notamment à une course poursuite dantesque sur une voie rapide. Le réalisateur instaure alors un véritable suspens autour des démons de Morel, qui est titillé par une jeune fille qui a le profil parfait pour se faire liquider, ainsi qu'autour de la cavale parsemée d'obstacle de Frank Adrien, dont le plus difficile étant une jeune inspectrice (excellente Alice Taglioni), une Clarice Starling dopée à l'adrénaline. Tout le monde est le chasseur, tout le monde est la proie, et le film joue habillement avec ces deux rôles, faisant cohabiter plusieurs personnages "types" sans que la compréhension du récit prenne l'eau.
Mais si la réalisation d'Eric Valette puise inévitablement son efficacité dans le style du cinéma américain, le réalisateur en reprend également les codes les plus rabattus du genre. Le héros, interprété par un Albert Dupontel au demeurant très crédible, est un warrior de première. Rien ne peut le faire vaciller dans sa quête de justice et de vengeance. Il arrive même encore à piquer un sprint de 500 mètres avec une balle dans le gras. Plus insubmersible que le Titanic, plus rapide que le T-1000, plus athlétique que Jason Bourne, c'est Frank Adrien, véritable machine de guerre que rien ne peut arrêter. Cela en devient même vraiment dérangeant pour la crédibilité de l'entreprise. Autre tic : le méchant qui marche aussi vite que sa victime cours. Ici, Jean-Louis Morel (correctement interprété par Stephane Debac) arrive à rattraper ses proies simplement en marchant à une cadence que l'on va juger de normal. Alors, soit il s'est fait greffer une deuxième paires de jambes, soit ses victimes sont cons comme des valises et ne font que courir en rond. Enfin, le compositeur Noko crée une musique peuplée de sons originaux, mais ne se résumant qu'à quatre mélodies reprisent à tour de rôle dans le film. Un manque d'originalité qui devient très vite lassant, surtout que la musique se révèle parfois très envahissante.
La Proie demeure un thriller partiellement efficace, possédant un large éventail de personnage interprété par de très bons acteurs. Mais le film souffre d'une mise en place laborieuse et d'une consternante surabondance d'invraissamblances typique du cinéma d'action. Le film reste tout de même recommandable et distrayant.