Rango
Genre : Animation
Réalisateur : Gore Verbinski
Synopsis :
Rango, un lezard de compagnie, se retrouve perdu au beau milieu du désert d'Arizona. Il fait alors la connaissance de Feve, une jeune fermiére, et de Poussiére, une ville fantôme asséché.
Avis :
Réalisateur dont le talent est parfois masqué derrière des grandes franchises (Pirates Des Caraibes) ou des remakes (celui, excellent, de The Ring), Gore Verbinski se lance aujourd'hui dans une entreprise plus personnel avec ce Rango qui se veut être un hommage au western.
Ce n'est pas vraiment la première fois que Verbinski tâte le terrain du divertissement grand public. Outre les Pirates des Caraibes, dont il a malheureusement perdu le commandement au profit de Rob Marshall, c'est surtout La Souris, son premier grand succès public, qui lui a permis d'approcher l'univers du cinéma pour enfant. Sûrement déçu d'avoir lâché sa saga flibustieres, ainsi que d'avoir été débarqué sur son projet d'adaptation du jeu-video Bioshock, le cinéaste s'accorde alors une bouffé d'air frais avec Rango. Ce film débarque dans une époque ou il devient de plus en plus difficile de surpasser l'ingénérie du studio Pixar en matière d'efficacité, d'humour et d'émotions. Pourtant, techniquement, Rango écrase la concurrence, délivrant des uppercuts visuels toujours plus forts et toujours plus brillants. Un crescendo manoeuvrer avec intelligence par un cinéaste préférant disséminé les claques visuelles dans tout le film afin de maintenir constamment la faveur des rétines. Une ampleur accentuée musicalement par son acolyte Hans Zimmer, qui compose encore une fois une musique époustouflante de souffle et d'efficacité. Difficile également de faire mieux en matière d'action et de suspens que cette délirante et époustouflante poursuite en chariot sous fond de Wagner, renouant ainsi avec les charges héroïque d'antan. Gore Verbinski met donc toutes ses chances de son côté en chouchoutant son public adulte, leur offrant des clins d'oeil à la pelle (Apocalypse Now, Pirates des Caribes, Las Vegas Parano, Il Etait Une Fois Dans L'Ouest, La Nuit Des Morts-Vivants, Le Bon La Brute et Le Truand) et des bons-mots scabreux.
Une machine de guerre visuelle à coté duquel le scénario fait pâle figure. En effet, Gore Verbinski se résout à nous pondre une intrigue policière certes bien tenues, mais extrêmement basique, reposant sur des figures déjà passé à la moulinette du cinéma de genre depuis plus de 50 ans (à ce titre, le maire infirme suscite de suite la méfiance). Le décollage est long, la progression est simpliste et, pour couronner le tout, sujette à quelques petites baisses de régimes ayant pour cause un manque d'inventivité flagrant (à peine entrer dans le film, on en connaît déjà la fin). Le cinéaste ne semble donc pas vouloir assumer jusqu'au bout son parti-pris de construire un film d'animation adulte, évitant les surprises trop grosses pour ne pas malmener le raisonnement binaire du jeune public alors que les traits d'humour ne reposent pratiquement que sur des effets comiques et références artistiques adultes. Sans compter les traversés surréalistes aussi ampoulées que particulièrement savoureuses qui ont de quoi décontenancer le jeune public. Il y a donc très peu de chance que le gosse de 8 ans présent dans la salle comprenne le message écolo qui couvre le film. Un touring poussiéreux et accidenté entièrement dévolu aux digressions vocales et psychologiques de Johnny "Rango" Depp, livrant une fois de plus ses innombrables tics de jeu. Fort heureusement, dans le cadre d'un trip aussi disjoncté que celui que nous propose le réalisateur, ce cabotinage s'incruste parfaitement dans le paysage. Malgré tous ces petits pépins qui émaillent cette chevauchée esthétique, Gore Verbinski, en bon cinéaste appliqué et profondément indépendant dans ses intentions, élabore un cocktail doux et charmant.
Si Rango n'est pas une franche réussite, il en demeure pas moins un bon film d'animation qui posséde quelques sérieux atouts qu'il peut faire valoir face à une concurrence de plus en plus féroce.