Wall Street 2 : L'Argent Ne Dort Jamais
Genre : Thriller
Réalisateur : Oliver Stone
Synopsis :
En 2001, Gordon Gekko, ancien as de la finance, sort de prison pour délit d'initié. 7 ans plus tard, alors qui publie son ouvrage, le fiancé de sa fille avec qui il a coupé les ponts le contact afin de tenter une réconciliation.
Avis :
Oliver Stone donne son point de vue sur Wall Street et notre crise actuel en jouant plus la carte du drame familiale que du thriller carnassier.
Tout est une question de bulle dans ce film. La bulle est une sphère qui s'élève dans les airs tant que la pression de l'air à l'intérieur et à l'extérieur est parfaite, auquel cas celle ci explose. Cette s'applique aussi en bourse (en caricaturant : si le taux des actions d'une offre augmente proportionnellement à la demande de celle ci) mais aussi au cinéma. En effet, il faut que la tension du récit soit suffisamment forte face à l'attente du spectateur pour que le métrage puisse s'envoler. Stone le comprend ce mécanisme... durant les 20 premières minutes. On découvre lors de la scène d'exposition un jeune trader type Bud Fox (qui fait une étrange apparition), à savoir idéaliste, droit dans ses bottes (avec les même expressions de winner) et animé des même motivations que son ainée (la Blue Star Compagnie est ici remplacé par la Fusion Compagnie). Stone inscris parfaitement son récit dans un contexte sombre, avec une véritable attention apporté aux mécanismes de la finance (mécanisme légèrement plus compréhensible que dans le premier opus) et ce, jusqu'au drame qui se noue à la fin de ses 20 minutes. Un début sec, sans concession, bien corsé. En un mot : parfait. Mais ensuite, comme les cours des actions, le récit s'effondre, la bulle narrative explose et les débris s'éparpillent un peu partout, faisant alors retomber toute la tension du thriller pour passer ensuite au drame familial.
Stone donne quelques leçons de boursicotage par l'intermédiaire du fantomatique Gekko, tentant de poser une perspective économique suffisamment forte pour soutenir le récit intime qui se noue par dessus. Mais malheureusement, on ne voit que très rarement le bout du nez de la crise qui occupe l'économie aujourd'hui. Le réalisateur mettant alors l'accent sur les relations beau-père, beau fils, fille qui se noie peu à peu dans un schéma très convenu, notamment lors du dénouement final trop rose pour être crédible. Pourquoi ne pas avoir fait de Gekko un véritable ogre qui se fout de tout, au lieu de lui fourguer des état-d'âme qui ne lui vont pas du tout ? Peut-être par souci d'amener une pointe de positivisme dans le récit. Mais dans l'état actuel du film, la fin est tout simplement raté. De même, les personnages sont d'un intérêt variable et inégalement réussit. Le personnage de Bretton James est assez caricatural, de même que celui de Winnie Gekko, fille de Gordon, a contrario de Sylivia Moore ou de Jules Steinhardt, personnages à potentiel mais totalement mis de coté. Le coté technique est aussi assez contestable. Si Stone est très bon réalisateur et qu'il est ici accompagné d'un magnifique directeur de la photographie, le montage lui souffre vraiment. Abusant d'effet de transition souvent horribles et too-much (incrustations nauséeuses, split-screen à la pelle), cette boulimie morbide de vouloir donné du style visuel clinquant vient masqué quelques brillante idées de mise en scène (l'étourdissant panoramique sans fin, incrustation de la courbe des bourses qui suit les lignes architecturales de la ville). Heureusement, la musique reste sympa (quoi qu'un peu lourde par moment), les décors splendides et surtout, un casting exemplaire avec en tête un Frank Langella sublime, un Josh Brollin charismatique et un Eli Wallach impérial.
Wall Street 2 est donc un film qui est loin d'être la daube dont tout le monde parle. C'est juste un film sympa, pas désagréable en soi mais sérieusement inaboutie.