Crazy Heart
Genre : Drame
Réalisateur : Scott Cooper
Synopsis :
Bad Blake écume les bars et les petites salles de concert, noyant son triste quotidien dans l'alcool. Mais il reprend goût à la vie au contact d'une jeune journaliste, qui lui fait ouvrir les yeux sur son talent et sa vie.
Avis :
Film véhicule indépendant par excellence, Crazy Heart tente de prendre le chemin escarpé tracé par Walk The Line (pour le coté country) et The Wrestler, pour un résultat à la hauteur des espérances.
Ce qui est désormais à la mode dans le monde des films indépendant, c'est de mettre en avant le talent d'un acteur, de prouver qu'il peut se fondre dans la structure d'un personnage au point de ne plus pouvoir faire la différence entre ce qui relève de la fiction et ce qui tiens du réel. Dernièrement, il y a eu The Wrestler, ou Aronofsky s'était basé avant tout sur la vie intime de son acteur principal, Mickey Rourke. Dans un sens, Crazy Heart ne ressemble en rien à ce dernier film étant donné que Jeff Bridges n'a pas eu la même carrière que son héros. Mais il faut bien le reconnaitre, la performance de l'acteur est si puissante, si crédible que l'on jugerait Bridges comme un véritable chanteur de country. On sent l'acteur investit par son rôle, que cela soit dans le coté intime du personnage que lors de ses apparitions publiques, ou il impose à la fois sa présence physique mais également vocale, à travers des morceaux intensément rythmés. Il est rejoins un peu plus tard par Colin Farrell qui, lui également, est parfaitement crédible lorsqu'il pousse la chansonnette, ainsi que Robert Duvall, parfait en bon copain en qui on peut faire confiance.
La réalisation aide aussi beaucoup à plonger le spectateur dans ce spectacle sincère et authentique. Bien qu'assez neutre lors des séquences dramatiques (ou la photographie prend magnifiquement le relais), Scott Cooper saisit magnifiquement tous ce qui fait l'essence même d'un concert de country, nous plaçant constamment aux cotés de Bad Blake via des plans extrémement serrés tout en saisissant le moindre regard, le moindre petit geste de l'acteur. Scott Cooper arrive donc sans peine à magnifier interprétation de Bridges. Derrière tout cela, le film se donne le temps de développer le caractère de Bad Blake, ce qu'il était et ce qu'il va devenir. Bien qu'il ne semble pas révolutionner le genre, le scénario possède quelques pointes d'originalité dans le traitement des personnages (notamment celui de Tommy, très loin du jeune artiste orgueilleux auquel on peut s'attendre dans ce genre de métrage) ainsi que dans l'issu donné à l'histoire d'amour (auquel la présence de Maggie Gyllenhaal apporte une touche de fraicheur et de sensibilité). Le tout demeure très respectueux de ses personnages, parfumant le film avec un brin de mélancolie et de nostalgie. Malgré tout, la rapidité avec laquelle le réalisateur se débarrasse du problème d'alcoolisme de son personnage entache le réalisme du récit.
Crazy Heart est donc un excellent drame, porté par des interprètes investis dans leurs rôles, ainsi que d'une réalisation qui colle au plus prés des évènements. Un très beau film à voir et à revoir.