Ocean's Twelve
Genre : Comédie
Réalisateur : Steven Soderbergh
Synopsis :
Danny Ocean et son équipe reçoivent la visite de Terry Benedict, leur ancienne victime, afin de réclamer son remboursement intégrale. Contrait de dédommager Benedict, les "Onze d'Ocean" vont alors devoir affronter un autre voleur : François Toulour.
Avis :
Après la réussite de son Ocean's Eleven, Steven Soderbergh remet le couvert avec sa bande pour un second tour de piste qui divisera la communauté.
Le film démarre assez sèchement sur le retour de Terry Benedict, après nous avoir abreuvé vicieusement d'une aventure flash-back de "Brad Pitt belle gueule". Voici donc le retour du grand méchant loup, avec son costume tiré à quatre épingle et ses cheveux gominés au Petrolane, exigeant d'être remboursé rubis sur l'ongle avec les intérêts. Du coup, la troupe se réunit fissa et les fanfarons partent alors faire quelques visites dans la vieille Europe. Le truc du film de Soderbergh, c'est de disperser son intrigue plus que dans le précèdent. Bien que l'on retrouve le dilemme amoureux transféré chez le personnage de Rusty avec son agent d'Europole (remplaçant celui entre Danny et Tess), l'intrigue ne demeure pas univoque mais équivoque : l'histoire se diffuse spatialement (Pays-Bas, Italie, France) et temporellement (utilisation abusive du flash-back) dans le seul et unique but de nous perdre volontairement dans un combat que l'on devine tout de même gagné d'avance pour l'une des équipes. La question du film n'est plus donc "vont-ils réussir leur plan ?" mais "comment vont t-ils s'en sortir ?". Normal pour un second opus, puisque l'effet de surprise s'étant évaporé, il faut bien le compenser par autre chose. Mais ici, contrairement au premier volet, qui distillait parfaitement ses rebondissements, ce film en fait un peu trop dans l'effet narratif : énormément de ramification, d'interrogation, de supputation, de changement de combinaison pour, au final, aboutir à un résultat somme toute banal (la révélation finale à Toulour n'est pas extraordinaire, ne remettant pas le spectateur sur son cul comme l'avait fait le précèdent volet).
Quoi qu'il en soit, et ce malgré ce trop-plein, le film arrive à séduire le spectateur. Il y a tout d'abord énormément d'idée dans ce film, et on ne peut pas lui enlever cela : entre le charabia délicieusement déstabilisant entre Danny, Rusty et Matsui, et l'exploitation ingénieux de son star système (avec Julia Roberts en magnifique coup de poker), le film se donne les moyens de ses ambitions. Il faut dire que le cadre est prompt à ce genre de délire : rien de tel qu'une cure architecturale en Hollande et la beauté solaire de l'Italie pour se donner un coup de jeune. Le charme du décors imprègne donc le spectateur, rendant alors plus digeste et plus relaxant le périple tortueux du cinéaste. Il faut aussi compter sur l'indéfectible charme musical de David Holmes qui remplit admirablement le contrat fixé par le film : une énergie sans cesse présente et un esprit bon enfant qui colle parfaitement au tableau que dresse le réalisateur. Le tout rendu par une réalisation très aguicheuse, très chromatique (comme toujours chez Soderbergh) et très esthétique. Le casting glamour fait le reste. Si on retrouve avec joie Clooney/Pitt/Damon/Cheadle, on se régale de rencontrer une Catherine Zeta-Jones magnifique et un Vincent Cassel délicieusement vicelard en nemesis de Ocean.
Bien que inférieure à son ainée sur le plan narratif, Ocean's Twelve regorge suffisamment d'idées, d'astuces et de charme pour offrir autre chose qu'un simple Ocean's Eleven bis.