Bad Lieutenant Escale A La Nouvelle-Orléans
Genre : Thriller
Réalisateur : Werner Herzog
Synopsis :
Rongé par un mal de dos depuis qu'il a sauvé un prisonnier de la noyade, le lieutenant Terrence McDonagh doit mener une enquête sur le meurtre d'une famille noir.
Avis :
Werner Herzog n'est pas du genre à faire un remake brut et sans âme. Lui qui nous a bluffé avec son Rescue Dawn est plus du coté des cinéastes inventifs que du réalisateur bête et discipliné. C'est pour ces raisons que Bad Lieutenant n'est pas un remake comme les autres.
On peut déjà faire une croix sur une quelconque ressemblance avec l'original puisque, du film de Ferrara, Herzog ne garde que le personnage du flic déséquilibré (dixit les journalistes spécialisés dans le cinéma). Donc voila pour le comparatif. Pour le reste, le film est, plastiquement parlant, empreinte du génie du réalisateur. Avec son style pseudo documentaire, faisant la par belle au naturalisme et aux effets d'optiques, Herzog continue sur son terrain de prédilection, au risque de prendre au dépourvu les amateurs de polar classique. Il n'y a donc aucune fioriture dans le style de Herzog. Même les séquences de délires font dans le minimalisme forcé, à l'instar de ces plans extrêmement rapprochés sur des iguanes. On est donc plongé dans un univers à la fois réaliste et totalement loufoque. Par ailleurs, la mise en scène nous épargne tous les clichés de la Nouvelles Orleans. Ici, point de cérémonies vaudou (juste un enterrement à la mode Louisiannaise) ou de bayous lugubres, mais juste une ville qui ressemble par ailleurs bien plus à Rio, avec ses bidons villes et son centre huppé, qu'a une ville d'Amérique du Nord (d'où la toute-puissance des gangs ainsi que la décomposition d'une autorité soit disant juste et incorruptible). La Nouvelle Orléans est donc désormais envahit par la corruption comme par les reptiles.
L'histoire tourne quant à elle bien plus au tour du personnage de Terrence que sur le meurtre de la famille Sénégalaise. Le film se fout littéralement des codes du genre, évitant les effusions de sang spectaculaires, ainsi que les rebondissements inutiles. L'intrigue se focalise beaucoup sur son personnage principal et son goût immodéré pour les drogues durs (addiction très bien mise en scène par ailleurs). Une intrigue tentaculaire qui justifie les deux heures de métrage. Deux heures ou traversent malheureusement quelques passages à vide, moins brillants que les autres, créant ainsi des petites baisses de régime. Heureusement, les seconds rôles que l'on croise tout au long du film sont délicieux (mention à la belle mère, imbibée de bière toute la journée). Mais outre l'excellente mise en scène, c'est la foudroyante prestation de Cage qui déboulonne ce film. Werner Herzog lui donne alors l'occasion à l'acteur de se lâcher dans les grandes largeurs sans avoir l'air d'être à coté de son rôle. Il incarne donc ici avec hystérie un inspecteur dont le sens de la justice et de l'amabilité croule sous le poids de la coke, qu'il se jettent dans le nez à longueur de journée. Une folie destructrice qui à le mérite de défouler l'acteur et de débrider les spectateurs à travers des dialogues succulents et de séquences impressionnantes par son ton politiquement incorrect (dont la cultissime scène d'interrogatoire d'une vielle dame sous oxygène).
Bad Lieutenant Escale A La Nouvelle-Orléans est donc un film qui, malgré quelques petites longueurs, nous plonge dans un trip qui ressemble à aucun autre. Du Herzog pur et dur, et un Nicolas Cage au meilleur de sa forme. Un très bon trip.