Midnight Meat Train
Genre : Horreur
Réalisateur : Ryuhei Kitamura
Synopsis :
Leon Kauffmann est un photographe talentueux mais qui ne parvient pas à percer dans le monde de la photo d'art. Il arpente chaque nuits les rues malfamées, à la recherche de photo chocs. C'est alors qu'il repère un étrange personnage, aux habitudes troublantes. Il décide de le suivre, au risque d'y perdre la vie.
Avis :
Clive Barker est un grand auteur que son talent n'a jamais l'opportunité de se développer au cinéma. Avec Midnight Meat Train, un grand nombre d'amateur du bédéiste et de fan de film d'horreur se sont extasiés devant le long métrage, à tel point qu'il a reçu un prix à Gérardmer.
Ryuhei Kitamura, qui adapte la nouvelle de Barker, propose une véritable bombe visuelle. A chaque plan on sent l'influence des romans graphiques de Barker. L'esthétique ultra léchée de Kitamura, ainsi que son don pour embellir les scènes gore, s'associe très bien avec l'univers sombre et fantastique de Barker. Car, si il y a bien une chose à retenir de ce film, ce sont les meurtres, ultra sanglants. C'est foutraque, c'est de la bande-dessinée filmée avec grâce et inventivité, ça sombre dans la démesure la plus totale, tant sur le plan graphique (les yeux qui sortent des orbites) que sur le plan technique (caméra subjective), mais ça passe magnifiquement bien à l'écran. Ajouté à cela des mouvements de caméra vertigineux et un combat final dans une rame de métro, filmé en travelling circulaire, et vous avez de quoi vous envolez au septième ciel niveau gore et sensation forte. De plus, Vinnie Jones, victime du syndrome Robert Patrick (voir Terminator 2), compose un méchant mutique ultra charismatique. Il est robotisé des pieds à la tête, mais son regard froid et ses traits rudes rendent le personnage encore plus monstrueux et impressionnant. Donc, sur le plan de l'horreur pur, Kitamura fait un carton plein.
Malheureusement, l'exercice de style, aussi flamboyant soit il, reste vain. Mise à part la fin, propre à l'univers de Barker (aliénation de l'individu par les forces surnaturelles), ainsi que le thème du voyeurisme, assez bien traité par l'intermédiaire de la profession du héros (photographe), le film est vide et n'approfondit pas assez ses sujets. Les acteurs, Vinnie Jones mise à part, ne sont pas exceptionnellement convaincants. Leslie Bibb joue totalement à coté de ses pompes, composant une compagne godiche, et Bradley Cooper, que l'on à connu plus inspiré dans Very Bad Trip, se contente du minimum syndical. Ne parlons même pas des dialogues, creux et parfois à la limite de la bêtise. Peut-être que cela était intentionnel de la part du réalisateur, de faire de cette adaptation un hommage aux série B d'antan. C'est hautement probable (surtout quand on juge la mise en scène des meurtres), mais cela ne convainc pas vraiment.
Finalement, même si ce Midnight Meat Train est performant visuellement, il lui
manque quelque chose pour le faire décoller de son pied d'Herstal d'œuvre culte.